martes, 6 de marzo de 2012

Madre, sólo vengo a contemplarte

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La Vierge à midi.

Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.

Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.

Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
que je suis votre fils et que vous êtes là.

Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi!
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.

Ne rien dire, regarder votre visage,
laisser le coeur chanter dans son propre langage,

ne rien dire, mais seulement chanter
parce qu’on a le coeur trop plein,

comme le merle qui suit son idée
en ces espèces de couplets soudains.

parce que vous êtes belle,
parce que vous êtes immaculée,
la Femme dans la Grâce enfin restituée,

la Créature dans son honneur premier
et dans son épanouissement final,
telle qu’elle est sortie de Dieu
au matin de sa splendeur originale.

Intacte ineffablement
parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras,
et la seule espérance et le seul fruit.

Parce que vous êtes la Femme,
l’Éden de l’ancienne tendresse oubliée,
dont le regard trouve le coeur
tout– à-coup et fait jaillir les larmes accumulées,

parce que vous m’avez sauvé,
parce que vous avez sauvé la France,
parce qu’elle aussi, comme moi,
pour vous fut cette chose à laquelle on pense,

parce qu’à l’heure où tout craquait,
c’est alors que vous êtes intervenue,
parce que vous avez sauvé la France une fois de plus,

parce qu’il est midi, parce que nous sommes
en ce jour d’aujourd’hui,

parce que vous êtes là pour toujours,
simplement parce que vous êtes Marie,
simplement parce que vous existez,

Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée!

(Paul Claudel)

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